Blog prof. René Prêtre

Mai 21 2018

Mission Mozambique 2018

Post by René Prêtre

Mai 21 2018

Mozambique, Maputo
12-20 mai 2018

J1, 15 h.
Même voyage, mêmes ricochets, que l’année dernière avec une escale à Francfort, puis à Johanesbourg avant d’atteindre Maputo. L’aire d’arrivée, devant le contrôle douanier, est surpeuplée du fait que plusieurs vols ont atterri pratiquement en même temps. Heureusement, Beatriz nous attendait en amont de ce check-point, et grâce à ses connexions, elle nous permet de court-circuiter tout ce monde et d’attendre tranquillement dans un salon VIP (le mot est consacré, mais ici un peu exagéré) les tampons dans les passeports et la récupération des bagages.
Dans l’attente du salon, je lui fais:
– c’est bientôt la coupe du monde, il ne me semble pas avoir vu de Mozambicains dans la liste des paninis?»
Elle rigole et me répond:
– Oh non, aucun risque de ce côté-là!»
Sa certitude me rappelle cet événement, il y a quelques années pendant la Coupe d’Afrique des Nations. J’avais sursauté avec Sozinho au rush soudain de quelques voitures dans l’avenue principale, klaxonnant à tout vent et brandissant des drapeaux du pays. Je m’étais tourné vers lui et, ne sachant pas où ils en étaient avec cette coupe et lui avais demandé.
– Ils ont gagné la coupe?
Il m’avait répondu en riant:
– Non, ils n’ont fait que match nul, zéro à zéro. Mais c’est une des premières fois depuis longtemps qu’ils ne perdent pas. C’est pour cela qu’ils sont contents.
Je reprends alors la discussion avec Beatriz:
– Il me semble que le team de l’Instituto do Coracao fait plus de progrès que votre équipe de football. Peut-être que nous devrions aussi leur donner un coup de main.
– Un coup de pied! qu’elle me répond en s’esclaffant.
Direction ensuite du même hôtel que l’année dernière, puisqu’il continue de nous faire des prix préférentiels. Prise des chambres, douche, habits frais, et rendez-vous sur la terrasse pour un apéritif. Le temps est clément — l’automne ici est légèrement plus chaud que notre printemps — le ciel est dégagé, juste strié de quelques bandes nuageuses. Face à nous, l’immensité de l’océan et ce ressac apaisant des vagues venant s’éteindre sur la plage.

Confirmation rapide du diagnostic par une échocardiographie.

Confirmation rapide du diagnostic par une échocardiographie.

21 h.
Rentrée de l’Instituo. Nous avons vu une vingtaine d’enfants. La sonde d’échocardiographie a rapidement scanné leur thorax pour nous dévoiler leur cœur et son problème. J’ai noté sur une carte individuelle les caractéristiques de chacun — à côté de son diagnostic — ce qui me permettra, dans quelques jours, de découvrir «pour de vrai» leur cœur, sans surprises.
Nous avons vu beaucoup de cas que l’on qualifie facilement d’exotiques, parce que rares chez nous. Cette rareté est due au fait que ces enfants ont passé à travers quelques filtres naturels (et beaucoup, avec une pathologie simple, ont été opérés) qui nous ont sélectionné les plus difficiles ou atypiques. D’autres ont attendu très longtemps, trop longtemps, et leur cœur a subi des changements secondaires que nous ne voyons plus sous nos latitudes. Finalement, nous constatons aussi — pour un même diagnostic — des variations anatomiques propres à chaque continent, à chaque ethnie.

En 5 minutes, le coeur a été évalué, son opération définie. Reste à le programmer.

En 5 minutes, le coeur a été évalué, son opération définie. Reste à le programmer.

Beaucoup de cas exotiques donc — je vois Yann froncer sévèrement devant la sévérité de certains cœurs — et face à un cas désespéré. Cette enfant a huit mois. Une de ses artères coronaires n’a pas son origine depuis l’aorte, mais depuis l’artère pulmonaire, là où circule le sang veineux (avec peu d’oxygène), à basse pression. Les cellules du territoire en question, mal irriguées, sont mortes pour certaines ou ont perdu leur capacité de se contracter. Le ventricule gauche n’a presque plus de force. Chez nous, nous nous lancerions dans cette réparation et donnerions le temps nécessaire à ces cellules pour se réveiller. Ici, un tel investissement n’est pas envisageable, car nous n’avons pas la possibilité de maintenir la circulation sanguine avec une machine externe pendant les jours qu’il faudrait.
Cette enfant est condamnée.
Nous n’avons même pas le temps d’en parler à ses parents, tant notre timing est serré. Nous laissons cette difficile tâche à Béatriz, qui les connaît et peut communiquer avec eux dans les langues.
Un souper ensuite, en équipe (le seul soir où elle peut être complète) au bord de l’océan (pour faire rêver ceux qui liront ce blog — ici, souper au bord de l’océan est très banal, celui-ci s’étalant sur des kilomètres…).
Le coucher sera précoce — chacun a une demi-nuit à effacer.

J2 – 14 h 30.

2ème jour : les soins intensifs en attente du premier patient.

2ème jour : les soins intensifs en attente du premier patient.

Démarrage sur les chapeaux de roues.
Contrairement à nos habitudes (qui veulent que le premier cas à opérer ne soit pas trop difficile, nous avons programmé hier, pour le démarrage, d’emblée un cas compliqué parce qu’en fait, on ne nous a présenté pratiquement… que des cas compliqués. L’enfant a 6 ans et a déjà subi une première opération peu après sa naissance, par une autre équipe. Chaque chirurgien a sa manière de faire, mon équipe et moi, nous nous efforçons d’interposer entre le cœur et le sternum — de manière à isoler ces deux structures l’une de l’autre — une couche tissulaire formée soit de tissus naturels, soit d’une mince membrane artificielle. D’autres équipes ne prennent pas cette mesure, mais il est clair que si une nouvelle opération doit avoir lieu, les risques d’endommager une structure cardiaque (habituellement le ventricule droit qui se situe juste en dessous de la ligne d’ouverture du sternum) sont majorés et peuvent avoir des conséquences dramatiques. Une prudence redoublée est nécessaire pour chaque réopération, en raison de ce risque et en raison d’adhérences qui se sont formées entre le cœur et son entourage.
Une fois la peau et le tissu sous-cutané incisés, je commence prudemment l’ouverture du sternum avec une scie oscillante fine. J’essaie bien sûr de ne pas dépasser l’épaisseur du sternum pour éviter de toucher le cœur juste dessous. Arrivé à la partie médiane du sternum, alors que je contrôle très bien la profondeur de ma lame, jaillit soudain, autour d’elle une vague de sang bleu. «The big blue». La marée bleue! (qui est notre expression pour qualifier ce type de saignement), toujours redoutée, jamais bienvenue. Notre réaction doit alors être très rapide, car il ne faut que quelques minutes pour qu’un patient perde l’ensemble de son sang. Et comme le cerveau, l’organe le plus sensible à l’asphyxie, ne tolère pas un arrêt de la circulation sanguine au-delà de quatre minutes, il faut trouver en peu de temps une solution pour arrêter cette hémorragie et restituer le sang qui s’échappe.
Nous rapprochons les berges du sternum avec des pinces à bouts courbés et pointus pour ralentir au mieux les pertes de sang et donnons immédiatement de l’héparine, que le sang ne coagule plus et aspirons tout ce qui sort à gros bouillon dans le réservoir de la machine cœur-poumon. Ce sang s’y accumule et sera prêt à être retransfusé lorsqu’une cannule de bonne taille aura été insérée dans une

Echanges autour de Shelton (1er opéré de la mission) et de sa prise en charge postopératoire.

Echanges autour de Shelton (1er opéré de la mission) et de sa prise en charge postopératoire.

artère. On effectue à toute vitesse une incision au niveau des vaisseaux de l’aine, car des vaisseaux de bons calibres sont ici abordables et disséquons l’artère fémorale. Une cannule reliée à la machine cœur-poumon est insérée dans cette artère. Par là, il est possible de retranfuser le sang qui sort en abondance et de maintenir une pression artérielle et une circulation satisfaisante pour ne pas asphyxier le cerveau. Toute cette manœuvre a été très rapide, pas plus de trois minutes. Le démarrage de la retransfusion s’est fait alors que la pression sanguine, en chute lente, était encore de 70/40 mmHg. Donc, de notre point de vue, aucun risque d’asphyxie, de dommage cérébral. On insère ensuite une canule veineuse dans la veine fémorale, adjacente. Cette canule est repoussée le long de cette veine jusqu’au niveau de l’oreillette droite du cœur. De là, elle peut aspirer tout le sang qui retourne au cœur (dans la machine cœur-poumon). Le cœur ainsi drainé, son ventricule droit, blessé, cette fois-ci vide, le saignement s’arrête comme par enchantement. Le champ opératoire qui avait les allures d’un volcan en éruption se calme immédiatement, comme par magie. On reprend alors à la scie l’ouverture du sternum. Le cœur est décollé des berges sternales et la brèche du ventricule droit, qui ne mesure que quelques millimètres, est simplement suturée. À partir de maintenant,

Préparation du 2ème cas - Naira, 9 mois.

Préparation du 2ème cas – Naira, 9 mois.

l’opération reprend un cours habituel. Dans le cas présent, il s’agit de reconstituer une connexion entre le ventricule droit et les artères pulmonaires. Il nous faudra néanmoins quatre heures pour réaliser cette intervention. Il est 14.15 lorsque nous refermons le sternum, avec un cœur bien réparé.
Je sors du bloc opératoire, vais dans la petite cuisine adjacente pour reprendre quelques forces, en mangeant le menu du jour. La cuisine à l’institut est toujours excellente. Aujourd’hui, gambas et pommes de terre grillées, haricots et carottes.

20 h.
Sortie du bloc opératoire, du deuxième patient. Lui, du haut de ses six mois, présentait une anatomie particulièrement alambiquée. Nous n’avons pas la possibilité ici, à l’institut, d’effectuer des scanners, des RMI avec reconstruction tridimensionnelle des vaisseaux, ni même une échographie par l’œsophage durant l’intervention (ces échographies sont toujours beaucoup plus précises que celles que l’on réalise à travers le thorax). Le chirurgien est souvent seul pour débrouiller ces anatomies atypiques. Il m’a fallu une bonne demi-heure — et trois incisions cardiaques — pour reconstituer mentalement, et avec les fragments d’informations que j’avais pu rassembler, l’ensemble de cette malformation cardiaque. Le puzzle élucidé, ce fut ensuite le jeu des sutures, fines bien sûr, pour qu’elles restent étanches. Après soixante minutes de ce travail d’orfèvre, j’avais la conviction d’avoir réussi à rétablir la connexion de chaque veine pulmonaire (aucune n’était connectée correctement) à l’oreillette gauche. Il ne me restait plus qu’à fermer deux trous à l’intérieur du cœur — un geste tellement fréquent! — pour terminer la correction cardiaque. À l’arrêt de la machine cœur-poumon (qui correspond à la reprise du travail cardiaque) une belle satisfaction, en voyant la pression sanguine reprendre vigoureusement sa pulsatilité. Après trois heures, nous pouvions, Sozinho et moi, nous retrouver à la cuisine autour d’un nescafé. Lui m’avouait n’avoir toujours pas compris cette anatomie. J’en ai profité pour la lui dessiner. Un dessin qui finira dans son classeur.
Ce soir, souper à l’hôpital même, ce qui nous permettra de faire une dernière visite aux soins intensifs avant de rentrer à l’hôtel.

J3 – 8 h.
Tout le monde a bien dormi — nos deux opérés aussi. Surtout eux.
Ce matin, à nouveau une réopération, un peu semblable à celle d’hier, mais en plus difficile, car il s’agira aussi d’explorer le hile pulmonaire gauche (l’endroit d’où doivent émerger les vaisseaux du poumon) à la recherche de l’artère pulmonaire gauche. En effet, cet enfant n’a une connexion qu’entre le cœur et le poumon droit. Dans un premier temps, Sozinho, en urgence, s’est contenté d’agrandir cette connexion (qui était trop fine) avec le seul poumon fonctionnel. Cette mesure a certes sauvé l’enfant, mais celui-ci reste très limité dans ses capacités physiques. Trop limité.

Le bloc opératoire, prêt à démarrer.

Le bloc opératoire, prêt à démarrer.

Une réop!
Le spectre d’hier nous hante un peu. «Chat échaudé…» comme l’on dit. Mais bon, nous n’avons pas d’autre choix non plus. Le chat devra sauter une nouvelle fois à l’eau.
Je regarde, depuis les soins intensifs, par la «fenêtre» du bloc Yann, Évelyne et leur équipe affairés à endormir l’enfant. Lui, encore éveillé, est tranquille, même pas inquiet. Sa cicatrice est fine, à peine visible. Exactement comme l’enfant d’hier. Ce calme en surface m’a souvent étonné quand, en dessous, couve parfois une tempête, prête à exploser quelques minutes plus tard et tout faire virer au drame.
J’y vais. En espérant que rien d’anormal ne se produise.

24 h 30.
Si c’est après minuit qu’arrivent les lignes suivantes, c’est que la journée fut longue et tumultueuse. Aujourd’hui, très longue même, et très tumultueuse. Et pas pour le premier enfant. Chez lui tout s’est

Shelton - à quoi rêve t'il...

Shelton – à quoi rêve t’il…

bien passé, même la réouverture s’est déroulée sans heurts. Il nous a quand même fallu un peu plus de quatre heures pour retrouver cette artère invisible de son poumon gauche et enfin la connecter au cœur.
C’est la deuxième enfant, une fillette de huit mois, qui nous a créé tous les problèmes du monde, qui nous a tenus en salle d’opération pendant plus de huit heures.
Mais ce soir, trop fatigué pour m’épancher sur nos problèmes; son histoire à elle, ce sera pour demain.

J 4 —9 h.
9 heures, parce que nous nous sommes accordé une heure de sommeil supplémentaire. Nous avons aussi réagencé notre programme pour avoir deux opérations de difficultés moyennes de manière à ne pas surcharger nos organismes et à maintenir du mouvement aux soins intensifs, qu’il y ait en permanence des lits disponibles pour la suite de la mission.

Tour rapide des soins intensifs. Une moitié des opérés sont bien réveillés, l'autre dort encore - comme Cleriana.

Tour rapide des soins intensifs. Une moitié des opérés sont bien réveillés, l’autre dort encore – comme Cleriana.

Il y a lors de chaque mission, un enfant qui sort du lot. Un dont le souvenir reste plus vif que celui des autres. C’est en fait toujours un de ceux qui nous ont fait particulièrement peur ou suer ou qui ont présenté une complication inattendue. Ils marquent plus parce qu’ils sont d’une certaine manière entrés dans notre sphère affective ou ont nécessité des soins prolongés, un engagement accru de notre part. De toute évidence, l’enfant symbole de la mission Maputo 2018 sera la petite Mirley.
Elle a huit mois, pèse 4,9 kilos. Elle avait été opérée il y a deux mois par Sozinho pour une communication entre les ventricules (un trou dans le cœur). Les suites postopératoires furent laborieuses, en particulier pour des infections à répétition et une croissance retardée. Les investigations montraient la persistance d’un trou important comme si le patch de Sozinho s’était dissous ou déchiré. Lui avait essayé de la réopérer une première fois, mais sans amélioration. Il avait cette fois peur d’y retourner, ne sachant pas non plus que faire, et attendait impatiemment notre arrivée. Pour être franc, je ne pensais pas avoir de grosses difficultés à régler ce cas, raison pour laquelle je l’avais placée en 2ème position, celle réservée aux opérations un peu plus simples. Toutefois, dès l’ouverture du sternum, j’ai compris que cette situation serait beaucoup plus sérieuse, avec un cœur dans une rotation inhabituelle et les ventricules (en raison du shunt chronique) massivement dilatés. Les oreillettes, cette structure dans laquelle nous mettons nos canules pour aspirer le sang, n’étaient plus visibles, totalement écrasées sous ces ventricules. La mise en machine cœur-poumon, l’arrêt cardiaque, tout cela fut difficile à obtenir. En raison de cette anatomie défavorable, je choisis une voie d’abord (une incision dans le cœur, mais en respectant au mieux ses structures les plus importantes) différente pour aborder cette communication. Surprise! À l’ouverture du ventricule droit, je ne la trouve pas. J’inspecte le patch de Sozinho; celui-ci est bien attaché aux bords de l’ancienne communication. Il ne s’est pas dissous ni déchiré. Nous n’avons pas ici les moyens diagnostics que nous possédons chez nous et toutes nos opérations — tous nos vols — se font à vue, avec un pilotage sans aide aux instruments.
Après avoir inspecté le ventricule droit, et sa forêt de trabécules, je dois avouer ne pas avoir repéré de communication supplémentaire entre les deux ventricules. De guerre lasse, je referme l’incision, laisse repartir le cœur, le mets en charge légère pour induire ce shunt. Avec Yann, nous improvisons une échocardiographie pour tenter de localiser cette communication additionnelle. La sonde que nous avons trafiquée, placée dans l’œsophage, sous le cœur, nous donne un nuage de neige, derrière lequel on devine difficilement certaines structures cardiaques. Nous arrivons à certifier la présence d’une communication importante, mais nous n’arrivons pas à la localiser. Nous avons l’impression cette fois-ci qu’elle se déverse dans l’oreillette droite. Nouvel arrêt cardiaque, nouvel abord, cette fois, par l’oreillette droite, à peine abordable avec sa position tout au fonds, pratiquement sous le cœur. Mais là, nouvelle déception: avec cette vue limitée, aucune communication n’apparaît. Bredouille une deuxième fois, je referme le cœur et le laisse repartir. Il est tard. 20 heures a sonné aux clochers. Devant l’impossibilité d’avancer dans ce brouillard, nous décidons d’abandonner cette correction en espérant retrouver la situation d’avant notre incision: pas brillante, mais satisfaisante pour vivoter. Elle permettra peut-être de pousser les investigations pour localiser à coup sûr cette communication. Las, après dix minutes d’arrêt de la machine, nous constatons que le cœur commence à peiner: la pression sanguine s’affaisse progressivement. L’évidence apparaît: cet enfant ne survivra pas notre intervention sans la correction de sa malformation. De plus, elle ne tiendra pas longtemps face à cette détérioration qui progresse. Il n’est même pas certain qu’elle atteigne les soins intensifs. Face à cette mort programmée, nous décidons de repositionner nos canules (avec toujours les mêmes difficultés) et de repartir sur la machine cœur-poumon, ne serait-ce que pour maintenir une circulation et une pression sanguine satisfaisantes. Surtout, ne serait-ce que pour nous donner le temps de réfléchir à nos toutes dernières options.
Nous ressortons notre sonde d’échographie artisanale. Nous la passons dans une manchette plastique stérile pour l’apposer à même le cœur dans l’espoir d’obtenir une meilleure définition de l’anatomie et de cette communication. Après dix minutes de tâtonnements, je trouve, dans un endroit totalement inhabituel, un jet anormal à l’intérieur du ventricule droit. Ce jet — cette localisation — est notre dernière chance. Ce jet est sa dernière chance. Que cette communication se trouve effectivement à cet endroit et puisse être fermée, car béante, elle empêche une circulation sanguine efficace. Nouvel arrêt cardiaque et réouverture de la première incision, qui est élargie. La forêt de trabécules est à nouveau là. Je sélectionne celles que mon échographie avait désignées et je sonde, avec une pincette, chacune d’elles. Soudain ma pincette s’enfonce plus profondément; je la sens traverser le septum et se retrouver du côté gauche du cœur, sous la valve aortique. Le trou est là. J’excise quelques trabécules et le voilà qui apparaît enfin. Il est aussi grand que redouté, dans un endroit absolument inédit (et j’en ai fermé plus de mille de ces communications). Il peut enfin être fermé. Suture ensuite de l’incision du ventricule et redémarrage du cœur. Nous lui accordons un temps de récupération puis nous tentons un nouveau sevrage de la machine cœur-poumon. À ce moment, nous ne nous faisons pas de grandes illusions: à cet âge, après trois run en machine extracorporelle et trois arrêts cardiaques, les chances de succès sont minces. Et surtout chez cet enfant-ci, si affaibli… et surtout ici, à Maputo avec si peu de moyens…
Pourtant, la pression sanguine, sans être luxueuse, est satisfaisante. Elle nous permet d’extraire les canules de la machine cœur-poumon et de laisser l’ensemble du travail circulatoire au cœur. La situation est précaire, mais stable. On comprend que toute perturbation pourrait effondrer ce frêle équilibre. On ose à peine toucher ce cœur si fragile. Le premier challenge — celui de maintenir une circulation sanguine — semble relevé. Reste le deuxième, pas moins risqué: le laborieux travail d’hémostase (c’est-à-dire le contrôle de tout saignement). Et c’est là qu’une nouvelle guerre d’usure commence. Le sang de cet enfant, avec autant de passages dans les tuyaux plastiques de la machine cœur-poumon, a perdu toute fonction de coagulation. De plus, nous n’avons ici, à l’Instituo, pas autant de produits de coagulation que chez nous. Nous n’avons pas de plaquettes, pas de fibrinogène, pas de facteurs de coagulation. Le seul moyen à notre disposition est le tamponnement avec des compresses et la patience. Pourtant, après une heure de tamponnements (remarquez le pluriel!), nous devons reconnaître que le saignement ne faiblit pas. Le saignement est le deuxième sniper de la chirurgie cardiaque — il tue régulièrement, même si, ici, il n’est pas explosif, mais ne se présente que sous la forme d’un suintement, à bas bruit. La seule possibilité d’enrayer le triste destin de cet enfant serait de lui donner du sang frais. Du sang contenant tous ces facteurs de coagulation. Du sang donné directement d’un donneur au patient — sans tests préalables, sans conservation.

Evelyne, toujours très avenante, amène le 1er enfant en salle d'opération. Avec elle, on économise sur la prémédication!

Evelyne, toujours très avenante, amène le 1er enfant en salle d’opération. Avec elle, on économise sur la prémédication!

Cette pratique a été bannie sous nos latitudes — sécurité oblige. Ici, elle n’est pas régulée, donc pas interdite. Pour nous, aucun autre choix: nous devons passer outre les risques de maladies transmissibles inhérentes à cette méthode. Nous faisons un tour d’horizon. Parmi nous, aux soins intensifs, une infirmière a le même groupe sanguin que la petite. Elle se propose immédiatement donner son sang. C’est elle qui va lui donner sa dernière chance. Elle se soumet de bonne grâce à ce prélèvement. Après une demi-heure, la poche de sang salvateur peut être apportée en salle d’opération et connectée à une ligne de transfusion. Et de fait, le miracle tant attendu opère: la coagulation reprend, le champ opératoire s’assèche. L’espoir remonte dans nos cœurs et dans nos âmes. Nous osons à peine y croire. De plus, la situation hémodynamique de l’enfant commence de s’améliorer. Son cœur semble plus à l’aise plus efficace que tout à l’heure. Nous ne nous laissons pas entraîner dans une quelconque euphorie. Nous ne perdons pas de vue que nous travaillons dans une sorte de sursis, mais pourtant jamais l’adage «tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir» ne nous paraît soudain si juste.
Après une nouvelle heure d’ajustement des médicaments, nous pouvions transférer la petite aux soins intensifs dans un état certes critique, mais plus désespéré.
Il était minuit trente.

J 4 —18 h.
Nous avons réduit le programme du jour à une opération cardiaque le matin et à la révision du cœur de Mirley l’après-midi. En effet, la situation était si critique hier soir, que nous avons préféré laisser son sternum ouvert. Après des opérations si longues, les tissus (y compris le myocarde et les poumons) sont souvent œdématiés (pleins d’eau, comme le veut notre jargon) et prennent plus de place. La fermeture du thorax, en comprimant ce cœur si fragile, aurait pu précipiter cet équilibre si précaire, que nous avions péniblement réussi, à force de patience, médicaments et de cette transfusion miraculeuse, à établir.
L’opération du matin s’est déroulée sans difficulté. Quant à la révision de Mirley, elle nous a montré un cœur plus fort et plus stable qu’hier soir. Une bonne nouvelle. Nous avons pu fermer le sternum sans la moindre variation de pression sanguine, sans le moindre à-coup.
Ce soir, nous traînerons un peu à l’Instituo pour les garder tous à l’œil — surtout la petite dernière. C’est aussi là que nous prendrons notre repas avant un dernier contrôle avant notre retour en chambre.

J5 – 8 h.
Réveil un peu pénible ce matin pour tous. Le stress de ces premières opérations commence à peser un peu sur chacun. Moins d’exubérance, moins de sourires aussi, au petit-déjeuner. Pourtant, on sait que la crête vient d’être franchie, que le versant le plus difficile a été grimpé. Sans être véritablement de la descente, l’autre devrait être moins astreignant.

Notre princesse, encore "sous le respirateur", assoupie, semble attendre notre passage...

Notre princesse, encore « sous le respirateur », assoupie, semble attendre notre passage…

En chemin, on apprend par la radio que Marseille a perdu la finale de l’Europa-league hier soir, contre l’Athletico de Madrid. Dommage pour l’OM. Je ne pense pas qu’ils aient une équipe de premier rang, mais leur public est très populaire et tellement proche de son équipe. La ville aussi aurait volontiers accueilli cette coupe, probablement avec l’exubérance et la ferveur des années 1990.
Arrivée aux soins intensifs. J’ai parfois un pincement d’angoisse en ouvrant ses portes, car j’en ai perdu le cours pendant huit à dix heures, et il peut se passer tellement de chose en quelques heures. Angoisse, pas tellement d’une catastrophe (elle nous aurait déjà été signalée) mais de ces nouvelles moites, insuffisamment rassurantes pour voir se profiler notre victoire. Par un simple regard circulaire, j’arrive en principe à prendre la température ambiante, à savoir si nous régaterons tranquille ou serré. Un attroupement autour d’un lit est toujours un signe de problème et donc d’inquiétude. Les mêmes personnes, dispersées sur chaque malade, rassurent immédiatement. Aujourd’hui, ils effectuent

pour ouvrir les yeux, nous considérer distraitement, avant de s'intéresser à des choses bien plus passionnantes.

pour ouvrir les yeux, nous considérer distraitement, avant de s’intéresser à des choses bien plus passionnantes.

paisiblement leurs contrôles sur leurs patients. L’angoisse s’évapore à cette vision. Soulagement, tous nos opérés se portent bien, y compris la gamine de l’autre nuit. Elle est toujours «ventilée» (c’est-à-dire connectée au respirateur), mais, à notre passage — comme si elle nous attendait — elle ouvre les yeux. Elle nous considère pendant quelques secondes, puis regarde autour d’elle, l’air un peu étonné. Grosse satisfaction de notre côté: les risques pour elle semblent définitivement derrière.
Au programme du jour, deux opérations de difficulté moyenne. Elles devraient se dérouler sans heurts.

19 h.
Cette mission — comme souvent — continue sur son mode surprise et trouvailles inattendues.
Tout avait pourtant bien commencé. La première opération s’est déroulée comme prévu avec même une certaine avance sur les temps habituels. D’ailleurs, à l’attaque de la fermeture, retentit soudain (via un haut-parleur connecté à une playlist) dans la salle un «She drives me crazy» du groupe les «Fine Young Cannibals» (ils ne doivent plus être si jeunes depuis le temps). C’est Évelyne. Elle a de toute évidence lu un certain livre et sait que cette musique — ce tempo — avait, un temps, le don d’accélérer ma vitesse de couture. Elle me regarde avec ses grands yeux rieurs, fière de son coup, et éclate de rire: «— C’est le mode speedy aujourd’hui».
Pour faire bonne figure, j’essaie d’augmenter la cadence, mais je suis déjà à saturation. Je fredonne les paroles et ne peux m’empêcher de penser, un peu benoîtement: «Comme au bon vieux temps!».
C’est la deuxième opération qui s’est avérée difficile, beaucoup plus que ce que nous avions anticipé. Parce qu’il y avait une anomalie de plus, non détectée à l’échocardiographie. Une de celles qui vous obligent à changer complètement votre tactique. L’anomalie en question était le passage d’une grosse artère coronaire (la plus grosse) en avant de la valve pulmonaire (normalement, elle chemine derrière

Nos "bloody soporiphics", eux qui endorment à tour de bras nos petits patients. Parfois, c'est nous qui rêvons de dormir un peu plus...

Nos « bloody soporiphics », eux qui endorment à tour de bras nos petits patients. Parfois, c’est nous qui rêvons de dormir un peu plus…

elle). Là où le passage du sang, trop étroit, devait être élargi. Nous avons dû opter pour une autre solution (qui serait trop laborieuse à expliquer ici), mais qui demande un travail de titan. Après cinq heures de lutte sur un cœur rigide (car trop épais), sombre (car cyanosé), un brin réfractaire (car malmené), nous pouvions commencer la fermeture du sternum. Le cœur marchait super-bien, l’artère coronaire — qui chemine au raz de nos sutures — se gonflait bien à chaque battement cardiaque. Bref, un super bon résultat.
L’horloge pointait 18 h 12. Personne ne parlait plus — la fatigue nous ayant tous gagnés. Même les «Fine Young Cannibals» l’avaient bouclé.

J6 —12 h.
Un cas sans problème. Enfin! je serais tenté de dire. Ça existe encore!
C’est Sozinho qui a réalisé l’opération — la fermeture d’une communication entre les deux ventricules.
Le cas de l’après-midi — une maladie bleue (la première de la mission alors que, au début, nous en avions à revendre — mais voilà, Sozinho a appris à les opérer et aujourd’hui, il les écume, en tout cas les formes simples; c’est évidemment une évolution réjouissante) ne devrait pas nous poser trop de problèmes, même si les artères pulmonaires sont particulièrement petites. Ce serait une bonne chose que l’on ne finisse pas la journée trop tard, pour une fois, car, depuis notre arrivée, nous avons chaque soir joué les prolongations. Et chacun qui a joué un peu de football (ou de hockey, je suppose) sait que l’énergie perdue dans une prolongation équivaut à celle dépensée dans le temps réglementaire. En gros, nos organismes ont travaillé «à double» depuis le premier jour.
Coup d’œil panoramique sur les soins intensifs. Ça semble ronronner: tout le monde est bien réveillé (notre princesse Mirley aussi), va bien et s’apprête à rejoindre entre aujourd’hui et demain leur chambre dans l’unité. Cela ne veut surtout pas dire qu’il y a eu peu à faire. Le ronronnement en question, c’est celui des enfants, pas celui des soignants. Eux sont sans cesse au taquet à ajuster les infusions, surveiller la respiration de chacun, contrôler les pertes et les apports, retirer les drains. Par bonheur, comme il n’y a pas eu de complications ou de surprises particulières — contrairement aux aventures du bloc opératoire — ils arrivent à garder la tête au-dessus de l’eau avec leur six à sept patients à surveiller (ils ont aussi hérité quelques enfants, qui étaient là avant notre arrivée). Grâce à leur efficacité, le roulement est bon, permettant le transfert d’autant d’enfants (chaque transfert libère un lit de SI) que «le bloc n’enproduit».

Les perfusionistes font tourner la machine coeur poumon à plein régime. Tout est sous contrôle.

Les perfusionistes font tourner la machine coeur poumon à plein régime. Tout est sous contrôle.

17 h.
Le deuxième cas vient juste d’être terminé. Tout s’est passé comme si l’on avait suivi le pointillé de l’opération. Aucune déviation, aucun accrochage. Le sang, bleu avant, coule maintenant avec sa couleur rose-rouge dans les artères. Les lèvres, les ongles de cet enfant vont changer dans la même direction leur couleur.
Un peu de temps libre. Pas le courage d’«attaquer» mes mails. Le scrolling de ceux marqués d’un drapeau me déprime déjà: il y en a tellement, dont la plupart exigeront une réponse. Cette contrainte est devenue la partie la plus pénible de mon travail. Ce soir, c’est décidé, ce sera repos.

J7 —8 h
Playlist: une compilation de Supertramp.
Hier soir, nous sommes allés nous restaurer sur une terrasse en bord de plage. Il y avait là aussi un groupe de musique — avec une chanteuse à la voix magnifique — qui a mis une superbe ambiance. De tout: des airs toniques, entraînants, d’autres nostalgiques. On s’était donné la «permission de minuit». Ce fut difficile de ne pas désobéir, car visiblement, à cet endroit, la soirée allait s’éterniser sous les lampions jusqu’aux petites aurores.

Les chirurgiens! A eux deux, ils doivent bien avoir cousu un km de coeur.

Les chirurgiens (Sozinho et moi-même)! A nous deux, nous devont bien avoir cousu 1 km de « coeur ».

Dernier coup de collier aujourd’hui. Nous avions prévu de terminer la mission avec un cas facile — histoire de finir en roues libres, décontractés — mais les circonstances en ont décidé autrement. Un autre enfant bleu, très serré, très foncé, s’est présenté hier et nous devons l’ajouter au programme. Le cas facile sera opéré par Sozinho la semaine prochaine.
Sozinho effectue aussi des consultations postopératoires. Il revoit les patients des années après leur intervention, et régulièrement, lorsque nous sommes là, ils emmènent ceux que nous avons opérés dans l’aire d’entrée du bloc. C’est toujours un sentiment singulier de les voir si grands (certains ont été opérés il y a plus de dix ans maintenant) avec souvent cette même interrogation: que serait-il advenu d’eux sans nous?
Coup d’œil «du côté de chez Yann». L’enfant dort. Sozinho justement commence la désinfection. Supertramp attendra pour la suite de son concert.

12 h.
Normalement, la mi-temps.
Mais aujourd’hui, méchant coup d’arrêt dans notre périple. La petite Mirley a fait subitement un collapsus circulatoire; c’est à dire que sa pression sanguine s’est effondrée, d’un coup, que la circulation sanguine s’est pratiquement arrêtée. Elle avait, c’est vrai, plus de mal à respirer ce matin, et c’est certainement sur une complication pulmonaire que l’oxygène dans le sang est tombé et a entraîné cet effondrement. La petite a été immédiatement endormie pour réduire les besoins de son organisme et intubée pour améliorer l’oxygénation de son sang. Il faut à nouveau l’équiper en lignes veineuses, artérielles, pour assurer son monitoring, car tout cet arsenal avait été retiré. Chez les petits, cet équipement peut prendre une à deux heures de temps.
De plus, le dernier respirateur lui a été attribué. Nous n’en avons pas un de libre pour l’instant et ainsi nous ne pouvons pas faire venir notre dernier patient. Il restera à jeun jusqu’à ce que la situation se décante. Si un lit équipé devait se libérer en début d’après-midi et que Marley devait rester stable, nous pourrions disperser une partie de nos forces au bloc opératoire pour cette correction.
À suivre…
Entre-temps, je vais dénuder son artère fémorale (nous n’avons pas réussi à placer, par ponction, un cathéter dans une artère) pour la insérer un cathéter à vue, de manière à pouvoir suivre «on line» sa pression sanguine et contrôler régulièrement l’oxygénation de son sang.

Artur. L'après-midi, bien remis de son opération du matin. En bonne compagnie.

Artur. L’après-midi, bien remis de son opération du matin.
En bonne compagnie.

14 h.
Les soins intensifs réalisent des miracles. Ils ont non seulement stabilisé Marley, mais aussi libéré un lit monitoré. Évelyne, notre émissaire, se charge d’aller chercher le dernier enfant pour son opération.

17 h.
J’ai retiré mes gants sur la dernière suture du dernier enfant de la mission. J’ai alors officiellement déclaré la «Mission Maputo 2018 terminée »! — avec la solennité d’un président olympique, en sachant bien qu’un résidu de travail existe encore aux soins intensifs.
Ma déclamation a fait s’esclaffer toute l’équipe. L’enfant à peine transféré aux SI, nous nous sommes retrouvés en salle d’opération pour mitrailler

La dream team. Rien à envier à ceux qui gagnent une finale de foot. Le champagne coulera aussi à flots, mais dans quelques heures.

La dream team. Rien à envier à ceux qui gagnent une finale de foot. Le champagne coulera aussi à flots, mais dans quelques heures.

quelques photos-souvenirs. Ce regroupement en plusieurs rangs, avec les éclats de rire, les V de la victoire, les holà faisait un peu penser à ces remises de coupe en football. Il ne manquait que les confettis pour s’y croire tout à fait.
Dernier coup d’œil à Mirley avant le retour à l’hôtel: elle se remet lentement de son ébranlement. Il ne faut pas la brusquer, il faut lui donner le temps de remonter elle-même, à sa vitesse, la pente.
Je retrouve le local des repas (adjacent) pour poser quelques lignes, avec, comme ce matin, un arrière-fond de Supertramp.

J8 – 14 h.
Aujourd’hui, dimanche de Pentecôte, c’était la grasse matinée: lever à discrétion, petit-déjeuner sans rush, ensuite passage rapide à l’hôpital, d’abord aux soins intensifs, puis dans l’unité.
Mirley a passé une bonne nuit. Elle se relève gentiment. Nous allons la transmettre à Joao et son équipe. Ce sont eux qui poursuivront sa mise sur pied.
Sozinho et Béatriz nous ont rejoints. Eux aussi sont très contents de notre prestation. Sozinho avoue avoir beaucoup appris en nous voyons corriger ces cas si complexes. De son côté, il va continuer à opérer ceux à sa portée. Depuis notre dernière mission, il y a un an, il a effectué 105 opérations cardiaques. Un beau bilan.

Dernier coup de collier avant la fin de la mission

Dernier coup de collier avant la fin de la mission

Les valises sont faites, prêtes à être chargées. Nous prenons encore une collation sur une terrasse avant de nous rendre à l’aéroport — pour un retour à escales, étalé sur 20 heures.
C’est sur ces adieux à toute l’équipe locale que s’achève notre «mission Mozambique 2018».