Blog prof. René Prêtre

Oct 14 2024

Mission Mozambique octobre 2024

Post by René Prêtre

Oct 14 2024

Départ, vendredi 11 octobre, fin d’après-midi

La Suisse, mon bureau au CHUV.

Mes bagages sont presque prêts. La valise est remplie aux trois quarts de matériel chirurgical fait de rebuts de l’hôpital, produits périmés (qui sont encore très bons) et de quelques valves ciblées, choisies d’après la liste des patients qui seront pris en charge durant la mission. Cette liste m’est arrivée il y a environ un mois. Il y a quatre jours, Beatriz m’envoyait un mail un peu alarmé, m’annonçant que leur fournisseur avait du retard et qu’ils n’ont pratiquement plus de canules artérielles de taille 12 et 14 French à disposition. J’ai passé une commande en urgence via l’hôpital et, par bonheur, les canules sont arrivées , exactement ce matin. Je dois ici remercier Agnès, Fafa et Catherine, les instrumentistes  du CHUV, fidèles au poste, qui ont participé à nos missions il y a quelques années, qui connaissent bien l’équipe de Maputo et savent les besoins locaux. Elles collectionne au cours de l’année, pour l’institut du cœur de Maputo, tout ce qui est encore utilisable, mais ne sera plus employé en chez nous.

Le soir tombe. En prenant le train avec ma grosse valise, je me sens un peu comme un de ces camelots des temps anciens, trimballant leurs lourdes valises, pleines de marchandises diverses, de village en village, de porte en porte.

Le train, comme l’aéroport, sont calmes. L’embarquement est assez rapide, ce qui me laisse pas mal de temps pour faire mes réserve du chocolat, lesquelles me permettront de jouer les « Saint Nicholas » en fin de mission en les distribuant aux enfants opérés.

Maputo, samedi 12 octobre 2024

Fin d’après-midi

L’avion a atterri vers 16h00. J’aime regarder le paysage du Mozambique lorsqu’on perd de l’altitude. Mon siège étant situé près d’un hublot, j’ai profité de l’arrivée sur Maputo. A basse altitude, on reconnaît aisément les maisons rectangulaires des bidons-villes, recouvertes de toits de tôle rouillée. De relativement petite taille, elles sont éparpillées dans tous les sens, leur groupement étant encadré juste par des routes et des pistes, assez droites. Elles dessinent ainsi des « figures » géométriques (triangles, losanges, parallélépipèdes). Du ciel, j’aperçois aussi quelques terrains de football, cabossés, pas vraiment rectangulaires et dont le sol est plus ocre que vert. En survolant le troisième stade, proche de la piste et donc à basse altitude, un enfant débordait sur le côté gauche avec une bonne chance de but et, sous les yeux de l’avion (avec peut-être dix spectateurs de plus, il tirait à côté, manquant complètement son shoot. Je souris quand il se pris la tête entre les mains, maudissant sa maladresse.

Beatriz m’attend à l’aéroport. Je passe rapidement déposer mes affaires à l’hôtel et me rafraîchir, puis je monte à l’institut du cœur. Dix-sept parents, principalement des mamans, m’attendent avec leur enfant. Comme d’habitude, nous scannons les thorax des petits patients avec une sonde d’échocardiographie, afin de confirmer les diagnostics préalablement établis et fixer notre programme pour les jours à venir. Sur les 17 enfants, j’en recuse un, dont la pathologie est trop sévère (et qui nécessiterait des soins extrêmement difficiles sur une longue période, avec un pronostic non garanti ici). Renoncer à opérer un enfant est toujours un choix difficile, aussi vis-à-vis de parents qui espère tellement notre intervention, mais ce choix est nécessaire. D’abord, parce que le pronostique reste mauvais avec les moyens à disposition. Ensuite, parce que la prise en charge prendrait trop de place, trop de volume dans ce séjour limité au temps de la mission, avec tant de patients attendant notre intervention.

Cette fois, je change un peu ma façon d’établir le programme opératoire, en mettant des cas difficiles dès le premier jour et en terminant avec des cas de difficulté moyenne. J’ai demandé à Soziñho de me noter les pathologies de cette liste qu’il pourrait lui-même corriger et nous avons mis ces enfants-là en fin de mission, un peu en réserve, au cas où nous n’aurions pas le temps de les inclure dans le programme. Ils pourront alors être opérés la semaine après mon départ.

Retour à l’hôtel à 20h00 pas trop fatigué et un peu comme Tintin, plein d’enthousiasment pour cette nouvelle aventure.